Paul Bernard et sa famille sont évacués en septembre 1939 en Dordogne à Périgueux. En septembre 1939, toute la « zone rouge » à savoir la bande de territoire français s’étendant entre la ligne Maginot et la frontière franco-allemande est évacuée pour préserver les civils en cas de guerre et pour laisser les zones de combat libres. En Alsace, cette zone correspondait à une bande de 5 à 8 km le long du Rhin. Les évacués sont les résidents des communes faisant partie de cette zone. Le 2 et 3 septembre, 374 000 Alsaciens évacués partent pour les Vosges, puis, ensuite, pour le sud de la France, avec seulement 30 kg maximum de bagages par personne. Ils se réfugient principalement en Dordogne. 300 000 Mosellans sont évacués dans le Pas-de-Calais. Les conditions de voyages sont très éprouvantes : de très longs trajets, 60 heures parfois, avec de longues heures d’attente, dans des trains bondés et des wagons à bestiaux. Une deuxième vague d’évacuation a lieu, suite à l’offensive allemande du 10 mai 1940. Les Alsaciens doivent se replier dans les Vosges et vers Belfort. En juillet 1940, les nazis exigent que les évacués reviennent dans leur territoire d’origine. Au total, on peut compter à peu près 530 000 Alsaciens, 280 000 Lorrains et 130 000 Francs-Comtois dans l’Est de la France, mais aussi 865 000 Nordistes et 140 000 Ardennais pour le Nord de la France qui ont subi cette évacuation.
Les journaux clandestins
Paul travaille dans l’imprimerie d'Henri Chevalier à Lyon qui diffusait « Franc-Tireur », un journal clandestin. Les journaux clandestins ont été très importants en France au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Plus de 1200 titres ont été édités. Les premiers journaux clandestins sont apparus dès 1939. Ce moyen de contre-propagande a été créé pour que les mouvements de Résistance puissent diffuser leurs idées face à la communication allemande. La Gestapo était mobilisée contre ce type de publications et les rédacteurs prenaient de grands risques. Le papier était rare et sa vente sous contrôle de l’occupant. Le matériel (encre et papier) était souvent obtenu de façon clandestine (parfois grâce à des largages aériens ou au marché noir). Cette presse était souvent écrite à la main et reproduite sur des ronéos, mais certains imprimeurs ont également mis du matériel professionnel au service de la Résistance.
Les maquis
Après la guerre, Paul retrouve Martin qui lui raconte son expérience des maquis de Moussey. Lors de la Seconde Guerre Mondiale en France, certains résistants se regroupent dans les montagnes et les forêts peu peuplées et forment des maquis. Un maquis peut comporter plusieurs centaines ou même milliers d'hommes, comme le maquis du Vercors qui comptait plus de 3500 résistants. Ces groupes sont armés, généralement par des parachutages alliés. Ils récupèrent aussi les armes de leurs ennemis tués ou faits prisonniers.
Le réseau Martial et les GMA (groupes mobiles Alsace)
La brigade Alsace-Lorraine à laquelle appartient Paul s'apparente aux GMA. La fusion entre ces groupes qui a failli se faire n'aura finalement pas lieu. Dès l'annexion, de nombreux Alsaciens fuient vers la Zone Libre ; d’autres, jugés trop francophiles, sont expulsés d’Alsace par trains entiers. Cette diaspora alsacienne pose les bases de la création des GMA qui se préparent à participer aux combats pour libérer l'Alsace. Très tôt l’industriel Paul DUNGLER de Thann, alias Martial, recherche tous les appuis possibles, à la fois à Londres et surtout à Vichy. L'idée du réseau est de s'assurer que s'assurer que des Alsaciens participent à la libération de la région. En partie dans la région de Lyon, la résistance alsacienne va progressivement se structurer et rassembler plusieurs milliers d’Alsaciens-lorrains. Plusieurs groupes se constituent : ce sont le GMA.
La Brigade Alsace-Lorraine
A Lyon, Paul se joint à la brigade Alsace-lorraine. Elle lui permet de combattre les armes à la main après s'être engagé dans le renseignement et la presse clandestine. La brigade Alsace-Lorraine a été créée le 17 septembre 1944 et dissoute le 15 mars 1945. Elle est composée essentiellement de maquisards alsaciens et lorrains et dirigée par André Malraux. Elle était composée de 3 bataillons : bataillon Metz, bataillon Mulhouse, et le bataillon Strasbourg. La brigade s’intègre à l’armée de de Lattre et remonte vers l'Alsace. Elle combat pour la première fois à Bois-le-prince et parvient à libérer la Vallée de la Moselle, après cela, elle est rappelée le 23 novembre 1944 pour défendre la seule route d’entrée et de ravitaillement de la première armée en Alsace, puis elle s’illustre dans les combats à Dannemarie et à Ballersdorf, pour défaire la défense ennemie. Le 5 décembre 1944, elle a l’honneur de rejoindre Strasbourg, déjà libérée, afin d’empêcher l'ennemi de franchir les défenses.
L'opération Loyton : le rôle des Special Air Service (SAS)
Après la guerre, Paul retrouve Martin, le Mousséen qui l'avait hébergé. Celui-ci lui raconte l'aide apportée par les maquisards aux parachutistes anglais du SAS. Le SAS est créé le 1 juillet 1941, en Égypte, par un lieutenant anglais du nom de David Stirling. Le SAS a lancé en août 1944 l’opération Loyton qui avait pour but de sécuriser le massif vosgien. C’est la plus importante opération du SAS en France. Le 13 août 1944, une quinzaine de soldats, lourdement armés, sont parachutés. Quelques-uns du côté de Moussey, afin aussi d’aider, d’approvisionner et d’armer les Résistants du maquis. Avec eux sont parachutées six jeeps. L’opération Loyton a mobilisé 109 hommes en tout. Les Allemands ont pris cette menace très au sérieux et une chasse à l’homme est lancée par des SS rapidement après les premiers parachutages. 31 hommes sont arrêtés et éliminés. Les autres sont aidés par le groupe de résistance « Groupe Mobile Alsace Vosges ».